Ordre et Progrès, 2016
« Les bateaux symbolisent l’aventure et la découverte, l’espoir d’un abri ou la possibilité de survivre dans un environnement hostile. S’ils véhiculent un imaginaire nourri des grandes épopées mythologiques, ils sont aujourd’hui symboliquement liés à la crise migratoire et à la devise de la ville de Paris “Fluctuat nec mergitur” – il est battu par les flots mais ne sombre pas. »
De la performance de Héctor Zamora le soir du 2 mai 2016, ne subsistent que des débris de bois et de métal. Ils sont la trace des mouvements répétitifs et destructeurs d’une équipe de performeurs venue désassembler cinq navires de pêche en tenue de travail et casque de chantier. Un protocole simple, exécuté de façon aveugle, qui suffit à transformer l’espace d’exposition en un cimetière de bateaux.
Des embarcations de départ – des ready-mades grand format – aux squelettes d’arrivée, l’œuvre joue sur le rapport évolutif des formes à l’espace. Son aspect sculptural réside aussi dans le geste démolisseur. A travers lui, Héctor Zamora « dissout les promesses de l’imaginaire dont ces bateaux sont porteurs ». Une dissolution à coups de hache qui traduit la brutalité de la transformation du secteur de la pêche, la violence des bouleversements socio-économiques mondiaux. L’artiste court-circuite ainsi la vision de l’histoire pensée comme un progrès perpétuel d’Auguste Comte (1798-1857), philosophe français à qui le titre « Ordre et Progrès » est emprunté. Héctor Zamora prend ici la doctrine positiviste à rebrousse-poil : le progrès peut-il naître du désordre?